Le mindset de la découverte, qu’est ce que c’est?
Pour moi, il s’agit du fait d’avoir un état d’esprit ouvert, d’assumer que rien n’est jamais fixé ou définitif.
Et en quoi cela peut nous aider dans l’alimentation de nos enfants ?
Ça peut nous aider à élever des enfants curieux, qui aiment découvrir de nouvelles choses et apprendre à aimer de nouvelles saveurs, plutôt que de penser que leurs préférences actuelles sont définitives.
Pour moi, il y a trois étapes essentielles que tout parent doit intégrer d’abord avant de pouvoir commencer à enseigner cet état d’esprit ouvert à ses enfants.
1) Ne pas prendre les refus pour acquis
Et continuer à présenter les aliments, même si nos enfants disent ne pas les aimer.
C’est important de continuer à essayer différentes présentations, différentes recettes, représenter encore, encore et toujours les mêmes aliments à nos enfants.
C’est ça qui va leur permettre de se familiariser avec eux et de finir par les accepter. Pour moi, une des plus grandes erreurs qu’on peut faire, c’est considérer les refus initiaux comme définitifs et arrêter de présenter tel aliment parce que notre enfant a refusé une ou deux fois de le manger.
2) Adopter le bon état d’esprit et accepter le cheminement de notre enfant dans la découverte des aliments.
Il faut comprendre que certains aliments, certaines textures, certaines saveurs prennent plus de temps à se faire apprécier que d’autres.
Les goûts de notre enfant à l’heure actuelle ne représentent pas encore les goûts et les préférences qu’ils auront à l’âge adulte.
D’où l’intérêt de continuer à présenter, à servir, à chercher des alternatives.
Parce que si on arrête de présenter un aliment après un ou deux ou plusieurs refus, on va priver notre enfant de l’opportunité de se familiariser avec cet aliment et d’apprendre à l’aimer pour que, dans le futur, cet aliment fasse partie de son alimentation.
La clé ici, c’est de transformer notre manière de penser : arrêter de penser « Mon enfant n’aime pas X » mais plutôt « Mon enfant n’aime pas encore X »
3) Éviter les généralisations.
Et les commentaires du type « Mon enfant n’aime pas… », « Mon enfant n’aime que… » « Mon enfant refuse toujours tel… »
Je sais que généralement ces commentaires ne sont pas du tout malintentionné.
Mais il faut comprendre que mettre des étiquettes à nos enfants, dans n’importe quel domaine, ça a un côté « dangereux » : à force de nous entendre répéter toujours la même chose, notre enfant, qui se construit à travers nous aussi en partie, il va finir par se persuader que c’est la vérité et agir en conséquence.
Et il ne va pas avoir cette ouverture d’esprit de goûter et voir si la situation peut changer.
Donc en résumé, la bonne attitude à adopter pour nous parents, c’est comprendre que les goûts changent, que les refus ne sont pas acquis et c’est ça qui va nous permettre d’agir en conséquence et de continuer à présenter les aliments encore et encore et encore.
Maintenant, du côté de nos enfants, qu’est ce qu’on peut faire pour les faire passer d’un état d’esprit fermé (blanc/noir, j’aime/j’aime pas) à un état d’esprit de la découverte avec toutes ses nuances de gris ?
1) Transformer leurs « J’aime pas » en « J’aime pas encore »
Cette petite nuance ouvre la porte à la possibilité que, un jour peut être qu’ils auront envie d’y goûter.
« Je n’aime pas les carottes » et « Je n’aime pas encore les carottes (mais je peux apprendre à les aimer ) », ça ne sonne pas pareille, non ?
Et au niveau de l’attitude de l’enfant aussi, il y a beaucoup de choses qui vont changer aussi simplement grâce au fait d’intégrer cet état d’esprit ouvert à la possibilité que ses goûts changent.
2) Leur faire voir l’évolution avec des exemples positifs.
Et ainsi lui faire comprendre qu’il peut y en avoir d’autres.
C’est là qu’on peut faire appel aux souvenirs : « Ah mais souviens toi quand tu étais petite, tu n’aimais pas du tout le poireau, mais maintenant regarde, tu adores ça. »
Ou alors faire appel à nos propres souvenirs : « Moi, quand j’étais petite, je n’aimais pas du tout les asperges. Mais regarde maintenant, j’en mange volontiers avec toi. »
Ou encore leur rappeler un moment où ils ont eu le courage de goûter quelque chose de nouveau et où ils ont aimé : « Souviens toi, la semaine passée, tu as goûté la tarte aux poireaux et il y a beaucoup aimé »
Qu’est ce que l’enfant comprend là? Il comprend : « J’ai goûté, j’ai aimé, je suis capable de à nouveau goûter et aimer. »
On peut aussi leur faire voir que ce n’est pas parce qu’ils refusent un aliment dans une préparation concrète que ça veut dire qu’ils n’aiment pas du tout cet aliment en particulier.
Par exemple, « Tu n’apprécies pas encore les carottes en salade. Par contre quand je les fais en quiche ou quand je les fais à la vapeur, tu les adores. »
On fait voir à notre enfant qu’il existe la possibilité qu’il puisse aimer cet aliment.
C’est quelque chose qu’on peut faire sous forme de jeux ou qu’on peut faire de manière amusante pour que notre enfant prenne plaisir à découvrir et à voir comment ses goûts changent et évoluent.
3) Faire appel à leur papilles gustatives.
Astuce à mettre en place plutôt à partir de 4-5 ans, parce qu’il faut quand même une certaine capacité de compréhension de la part de l’enfant
On va déjà lui expliquer ce que sont les papilles gustatives, les petites choses qui se trouvent sur notre langue et qui décident si on aime, si on n’aime pas, ou quel goût un aliment a pour nous.
Ensuite on va lui expliquer que nos papilles gustatives se renouvellent toutes les deux semaines environ et que c’est pour ça que nos goûts peuvent changer totalement, parce que nos papilles gustatives ne sont jamais les mêmes.
C’est une petite explication toute simple qui peut amener nos enfants à mieux comprendre leur corps et à avoir la curiosité de regoûter quelque chose qu’ils n’avaient pas aimé, juste pour voir si leurs papilles ont changé d’avis.
4) Leur faire comprendre qu’ils sont en train d’apprendre à aimer.
Et leur faire voir que ça prend du temps. Leur faire voir chaque exposition à un aliment comme un entraînement, comme de la pratique.
Imaginez la différence que cet état d’esprit peut faire dans la manière qu’auront nos enfants d’affronter la nouveauté ou les choses qu’ils ont refusé jusqu’à maintenant.
Ça va leur permettre de comprendre que les goûts changent et ça peut leur donner envie d’expérimenter, d’apprendre à découvrir et d’aimer certaines choses qu’ils n’aiment pas encore.
Mais j’ai juste une petite précision à faire avant de terminer :
Je sais qu’on vous dit et qu’on vous répète que la variété c’est important et que pour aider notre enfant à apprécier le plus d’aliments possible, il faut tester le maximum de possibilités.
Si on prend la carotte par exemple, la préparer de toutes les manières, présentations, cuissons, recettes possibles pour aider notre enfant à l’apprécier.
Mais ici j’aimerais nuancer parce que c’est quelque chose où c’est qu’on peut vraiment se perdre, qui peut représenter une énorme charge mentale et beaucoup d’angoisse pour nous parents.
Donc j’aimerais que vous compreniez qu’il faut choisir ses batailles….
Faire manger un aliment à tout prix et y mettre le temps et les efforts nécessaires, pour moi c’est utile seulement si :
– Cet aliment fait partie ou de l’alimentation de notre famille (si c’est un aliment que notre enfant va retrouver sur la table souvent)
– Cet aliment fait partie de l’alimentation de notre culture (même si ce n’est pas quelque chose qu’on mange à la maison, il/elle va facilement le retrouver quand il/elle à manger à l’école, chez des amis, etc…)
– C’est un aliment que nous même on apprécie et qu’on a envie de continuer à servir.
Je trouve, mais c’est mon avis personnel, que c’est gaspiller du temps et des efforts que d’essayer de faire aimer à notre enfant un aliment qu’on n’apprécie pas nous même, qui ne fait pas partie de l’alimentation de notre famille et qu’il/elle ne va même pas retrouver quand il/elle ira à l’extérieur.
À retenir : ce n’est pas grave si notre enfant n’aime pas tous les aliments, s’il/elle n’a pas goûté tous les aliments du monde entier.
Tant qu’il/elle a goûté ceux qui font partie de la tradition de sa famille et ceux qui font partie de la culture autour de lui, pour moi, c’est assez.
Et s’il y a des choses que vous même vous n’aimez pas et que vous n’avez pas envie de cuisiner, et que ça vous demande un effort monstrueux pour faire apprécier à vos enfants, je trouve que vous n’avez pas l’obligation de le faire.
Tant qu’il y a beaucoup de variétés, tant que vos enfants aiment beaucoup de choses, tant que vous avez fait l’effort de présenter souvent des aliments variés et différents, sains, entiers, ce n’est pas grave s’ils n’aiment partout et s’ils n’ont pas mangé et goûté de tout.